La notion de "Design for Disassembly" (DfD) prend une importance croissante dans le monde de la conception moderne. Elle permet d'augmenter l'efficacité des ressources et de réduire l'impact environnemental en se concentrant sur la conception des produits et des bâtiments en vue de leur démontage et de leur réemploi ou réutilisation ultérieure.
Définition et histoire
Le DfD facilite la réutilisation des matériaux grâce à une planification et conception intelligentes. La déconstruction, également définit comme une 'construction à l'envers', est une pratique éprouvée. Les yourtes mongoles étaient déjà conçues pour le démontage et le désassemblage.
L'importance du Design for Disassembly dans le secteur de la construction
Dans la construction, le DfD joue un rôle crucial dans la fermeture du cycle des matériaux, en transformant les déchets en "nutriments" pour la construction de nouveaux bâtiments. Il en résulte des avantages environnementaux, comme la prolongation de la durée de vie des matières premières et la réduction des émissions de carbone, ainsi que des avantages sociaux tels que la création d'emplois au sein de divers groupes du secteur de la construction.
Défis et solutions
Malgré ses avantages, la mise en œuvre satisfaisante du DfD dans la construction se heurte à certains défis. Ceux-ci vont des incertitudes concernant la qualité des matériaux usagés au manque de règles et de normes claires, en passant par la faible demande de matériaux réutilisables. Cela est probablement principalement dû aux réticences de l'homme face au réemploi de matériaux.
Pour garantir la durabilité future, adopter une approche globale du cycle de vie dans la conception et de mettre l'accent sur le DfD est indispensable. Les constructions modulaires et les outils tels que la modélisation des informations du bâtiment (BIM) peuvent aider à mettre en pratique le DfD.
Exemple pratique du CEA-Lab à l'ETH de Zurich
La notion de DfD a été appliqué dans le cadre d'un projet précurseur du CEA-Lab à l'ETH de Zurich. Des éléments d'un entrepôt de voitures voué à la démolition à Genève ont été "sauvés" et réutilisés sous la forme d'un dôme en bois sur le campus de l'ETH Hönggerberg. Ce projet a exigé non seulement d’assurer le démontage ultérieur du dôme mais aussi celui du bâtiment d'origine. Catherine De Wolf préfère ainsi évoquer le “Design from and for disassembly” et explique: “Nous avons démantelé des structures, initialement destinées à la démolition, visant à récupérer et réemployer les poutres et tubes de cette structure, dans une philosophie de 'Design from and for Disassembly', transformant un bâtiment non conçu pour le démontage en une création nouvelle et durable, qui pourra être démonté et réemployé dans le futur.”
Les méthodes numériques ont joué un rôle crucial dans l'ensemble du projet. Scanners Lidar, drones, caméras et téléphones portables ont identifié les matériaux réutilisables. Après le transport à Zurich, un système de classification et des algorithmes de conception assistée par ordinateur ont optimisé leur utilisation. Des QR codes, gravés en laser sur les éléments en bois, assurent une traçabilité transparente en reliant les matériaux physiques à leur passeport numérique.
La déformation des sections de tubes en PVC qui servaient d'éléments de connexion a été un défi particulier. Une fraiseuse CNC a été utilisée pour fabriquer avec précision des rondelles de soutien à partir de panneaux d'aggloméré également sauvés, afin de pouvoir continuer à garantir la stabilité.
Le projet du dôme illustre la manière dont les outils numériques permettent d'élaborer des concepts de DfD pour l'avenir. Dans le secteur de la construction, de tels outils sont essentiels, en particulier pour les projets de grande envergure, afin de permettre une mise à l'échelle et l’application efficace du DfD.
Source de l’image: Buser Hill Photography