Le «facteur humain» dans l’économie circulaire

L’économie circulaire doit rendre notre société plus durable. Elle devrait englober toutes les dimensions, comme la durabilité sociale, écologique et économique. Mais la plupart des entreprises ne se concentrent que sur la longévité du flux de matériaux. Les aspects humains sont souvent limités au nombre d’emplois que celle-ci crée. Mais ceci ne va pas assez loin. Cette contribution présente le résumé d’un article du néerlandais Hans Stegeman.

Pour qu’une économie circulaire fonctionne, elle a besoin d’un système et d’individus qui pensent de façon entièrement circulaire. Car les principes de la gestion de l’économie circulaire peuvent être appliqués directement au «capital humain». Tout comme pour le flux de matériaux, il est important d’éviter le «gaspillage» et les «goulots d’étranglement». Cela signifie qu’il est nécessaire de posséder une main-d’œuvre suffisante pour la production. En même temps, les personnes capables de travailler devraient être valorisées en fonction de leurs savoir-faire, donc ne pas rester longtemps sans occupation.

Pour diverses raisons, un flux circulaire de «capital humain» est aujourd’hui plus important que jamais. Premièrement, l’évolution démographique rend la main-d’œuvre de plus en plus rare. Cela accroît la nécessité de travailler plus longtemps et de contribuer, pour ceux qui sont en mesure de le faire. Comme un emploi épanouissant est motivant, un marché du travail circulaire est important du point de vue économique et, surtout, pour le bien-être individuel. Deuxièmement, l’automatisation croissante garantit une modification rapide des tâches professionnelles. En conséquence, la reconversion professionnelle et la formation continue des travailleurs gagnent en importance. Troisièmement, le passage à une économie circulaire implique l’évolution de la demande en main-d’œuvre. Par exemple, l’utilisation prolongée de biens signifie que le nombre de travailleurs nécessaires pour la production diminue, mais que celui de la logistique et de la réparation augmente.

Linéarité dominante sur le marché du travail

Le marché du travail et les carrières sont actuellement entièrement linéaires: après l’obtention du diplôme de l’école ou de l’université, les responsabilités s’accroissent, les salaires augmentent, les possibilités de développement se limitent à l’emploi et finalement à la retraite. C’est l’exemple parfait du modèle linéaire «Take Make Dispose».

À quoi ressemble un marché du travail circulaire?

Une carrière peut toutefois être également constituée de cycles. Après le début de carrière, le plus haut niveau de productivité, de satisfaction au travail et de salaire est atteint. Puis, ce développement peut stagner au bout d’un certain temps. Un nouveau cycle peut commencer par une formation dans un domaine différent, un changement d’emploi sans avancement hiérarchique ou le passage à un autre secteur. Toutefois, cela peut également signifier que les augmentations régulières de salaire ou de traitement appartiennent au passé et ouvrir la possibilité aux fluctuations au cours de la vie professionnelle d’une personne.

Un coup d’œil aux cycles courants dans l’économie circulaire illustre encore mieux ce concept:

  • Réduire: Il s’agit de prévenir l’utilisation inefficace de la main-d’œuvre. La productivité des employés qui travaillent depuis trop longtemps au même endroit peut diminuer. Ceci s’applique également aux employés insatisfaits de leurs places de travail ou incapables de suivre le rythme du progrès technologique.
     
  • Réutiliser: Sur un marché du travail circulaire, les employés possédant certaines compétences assument également d’autres tâches. L’expertise et les compétences sont réutilisées de différentes manières.
     
  • Recycler: L’objectif d’une économie sociale circulaire est de réoccuper les personnes qui quittent le processus de travail le plus rapidement possible.

Comment y parvenir?

Actuellement, les investissements dans la formation ont particulièrement lieu en début de carrière et à une nouvelle place de travail. Afin de changer la base de cette situation, les employés pourraient avoir la possibilité d’assumer eux-mêmes leurs responsabilités. Par exemple, ils pourraient utiliser des bons pour la reconversion professionnelle et la formation continue au cours d’une carrière. Il serait également utile de disposer de droits à la retraite plus personnalisés. Un écart de l’argent touché à la retraite ne devrait pas être la raison de rester chez un employeur. La relation entre la sécurité de l’emploi et la flexibilité doit également être redéfinie. Par exemple, il serait possible d’envisager des modalités de travail flexibles lors de la possibilité d’embauche des travailleurs par des employeurs ayant des conditions de travail similaires au poste précédent. Cela exige de la flexibilité de la part des employeurs et des contrats à durée indéterminée.

Le changement de l’état d’esprit de nombreuses personnes représente toutefois une condition préalable fondamentale. Elles ne devraient plus se concentrer sur un revenu en constante augmentation. Un mode de vie moins dépendant d’un salaire élevé serait d’un grand secours. Le flux circulaire de «capital humain» présenté ici sera difficile à réaliser, aussi souhaitable qu’il soit. C’est peut-être pour cette raison qu’il n’y a pas encore beaucoup d’écrits à ce sujet. Cependant, une chose est certaine: une économie circulaire composée uniquement de gens qui pensent exclusivement à des carrières professionnelles linéaires ne fonctionnera pas.

L’article détaillé de Hans Stegeman se trouve ici en néerlandais. Hans Stegeman est le responsable de l’analyse des investissements et de l’économie à la Triodos Bank.

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